« LE 13 MAI 1945, JE SUIS PARTIE AVEC PAULA (UNE CAMARADE DE RAVENSBRÜCK) POUR BUCH. JE VOUS AI VUES ET JE T’AI APPELÉE: "BÄRBEL", MAIS TU NE M’AS PAS ENTENDUE. MAIS L’OREILLE PLUS AVERTIE D’EDITH A RECONNU LA VOIX DE SA MERE. […] "BÄRBEL, NOTRE MAMAN EST ICI"! CE FUT UNE SUPERBE SENSATION; CELLE D’AVOIR OBTENU LA CERTITUDE QUE VOUS VOUS RAPPELIEZ ENCORE DE MOI. »

Ma mère est née fille du menuisier itinérant Wilhelm Thiebes et de sa femme Elisabeth couturière Thiebes le 12.10.1902 à Düsseldorf. Dans son enfance déjà, Aenne était active politiquement, elle est devenue membre du KPD et a déménagé en 1927 à Berlin. En 1928, sa fille Edith est née. Ma mère a travaillé à partir de 1933 dans des petits groupes clandestinus contre les nazis, elle a rencontré mon père, le mécanicien Anton Saefkow, en 1941. Ils se sont mariés et en 1943 leur fille Bärbel est venue au monde. Mon père avait édifié un réseau de résistance avec d’autres. Ma mère aidait, servait de courrier et participait à de nombreuses réunions. L’organisation a été victime de la Gestapo et mon père a dû payer de sa vie son travail clandestin ainsi que 100 autres de ses camarades. Ma mère, qui avait été également arrêtée, est arrivée après de nombreux séjours dans des prisons à Ravensbrück en mars 1945. Lors de son arrivée dans le camp de concentration, elle a été choquée par les conditions qui y régnaient, mais, d’un autre côté, elle a eu de l’espoir pour l’avenir suite à ses rencontres avec des antifascistes venant de nombreux pays européens.

Bien qu’elle ait été médicalement affaiblie des suites de sa détention et qu’elle ait dû s’occuper seule de deux enfants, ma mère a fait partie après mai 1945 des activistes pour une nouvelle société. Elle s’est engagée dans le cadre du travail social et est devenue maire dans des arrondissements berlinois. Son engagement exceptionnel a entraîné la naissance d’un lieu de souvenirs à Ravensbrück, où je suis allée avec elle depuis mon enfance pour des actions de commémoration et ait pu faire la connaissance des ses camarades allemandes et étrangères. J’essaie de continuer ses efforts pour l’objectif : « Plus jamais aucun Ravensbrück ! »

 

Bärbel Schindler-Saefkow
Allemagne
Fille de madame Aenne Saefkow