Jaroslava Skleničková
née Suchánková
née le 27 mars 1926 à Lidice
14 juin 1942 – 28 avril 1945 à Ravensbrück
« SI J’AVAIS ÉTÉ UN GARÇON ILS M’AURAIENT FUSILLÉ… »
Jaroslava Skleničková a été emprisonnée à l’âge de seize ans dans le camp de concentration de Ravensbrück avec les femmes de Lidice. C’était l’enfant le plus âgé de Lidice. Elle a survécu également grâce au soutien et à son enfermement commun avec sa mère et sa sœur Miloslava, qui ont également eu la chance de vivre la fin de la guerre. Les femmes de Lidice ont été transportées à Ravensbrück après que Lidice a été investi par les nazis. La commune a été incendiée le 10.6.1942, les hommes et les garçons de plus de quinze ans ont été fusillés et 102 enfants ont été gazés dans le camp d’extermination de Chelmo sur le Ner. Seuls 17 enfants ont survécu à la guerre.
Jaroslava a effectué à la fin d’avril 1945 une marche de la mort de quatre jours d’une longueur de 127 kilomètres et a été libérée à Crivitz. Le retour dans sa patrie fut très triste, car sa maison natale avait été détruite et son père tant aimé, fusillé.
Elle a publié en 2006 un ouvrage sur sa vie, qui est devenu un best-seller et a été traduit en plusieurs langues. Malgré de graves problèmes de santé résultant de son emprisonnement quand elle était jeune, elle profite toujours de ses petits-enfants et arrière-petits-enfants et n’est pas indifférente aux problèmes actuels de la société. Elle s’engage publiquement contre la xénophobie et l’arbitraire.
Le récit des sœurs Suchánkova m’a motivée non seulement pour étudier l’histoire en m’orientant notamment sur l’histoire de la guerre, mais aussi pour reconstituer la marche de la mort des femmes de Lidice, que j’ai moi-même effectuée en 2017. Il est remarquable de voir la force intérieure que les femmes ont trouvée à la fin de la guerre pour survivre. Jaroslava Skleničková ne se rappelle pas de Ravensbrück que comme un lieu de souffrances et de tragédie, mais souligne au contraire l’amitié solide et l’énorme solidarité de certaines codétenues ayant sauvé sa vie et celle de bien d’autres. Elle est aujourd’hui la dernière femme ayant vécu le drame de Lidice encore en vie.
Gabriela Havlůjová
République tchèque
Amie de Jaroslava Skleničková