« JE NE SOUHAITE À PERSONNE DE VIVRE UN JOUR CE QU’A VÉCU MA MÈRE PORVINA PELAGEÏA NIKITITSCHNA AVEC DES CENTAINES DE MILLIERS D’AUTRES DÉTENUS DES CAMPS DE CONCENTRATION FASCISTES. »

Je suis née en Allemagne dans le camp de concentration de Ravensbrück. Ma mère, Porvina Pelageïa Nikititschna, qui a vécu avant et après la guerre dans le village de Gusarka dans le district de Kouïbychev dans l’oblast de Zaporojie, travaillait avant la guerre dans un kolkhoze en tant que responsable du bétail. Elle était membre du parti communiste. Durant l’offensive allemande, elle a évacué du bétail vers l’est. Mais elle-même n’a pas pu fuir. Elle a été dénoncée par un policier. Au début de l’été1943, elle a été arrêtée et envoyée en prison à Beriansk. Elle y fut interrogée et torturée et à l’automne 1943 ils l’ont envoyée en Allemagne. Sa première étape a été le camp de concentration de Buchenwald, d’où ils l’ont ensuite envoyée dans celui de Ravensbrück.

Ma maman n’est plus vivante, elle est morte en 1991, c’est pourquoi je n’arrive plus à écrire des faits précis sur la vie dans le camp de concentration. Mais d’après ses récits, ce sont les communistes belges et hollandaises qui l’ont aidée elle et moi à survivre dans cet enfer. Je ne me rappelle pas de mon séjour en camp de concentration, car j’étais trop petite. Je me rappelle seulement que quand nous sommes rentrées dans notre pays, on m’a demandé : « Et tu as mangé quoi en Allemagne ? » et j’ai répondu : « Betteraves et épinards. »

En l’an 2000, j’ai visité en tant que membre d’une délégation ukrainienne le Mémorial de Ravensbrück à l’occasion du 55ème anniversaire de la libération du camp.

 

Jevgenije Ivanovna Bojko
Ukraine
Fille de Madame Porvina Pelageïa Nikititschna